La voie bleue

La Voie Bleue s’étend du Luxembourg à Lyon sur 700km. Elle permet de rouler à vélo au bord de la Moselle, du canal des Vosges (canal de l’Est) et de la Saône. C’est une voie verte agréable traversant une région magnifique. J’ai testé une partie de l’itinéraire de Metz à La Vôge-les-Bains avec un retour en train par la gare de Bains-les-Bains. Et je peux vous dire que j’ai déjà envie d’y retourner…Voici le récit de cette aventure!

ASPECTS PRATIQUES DE LA VOIE BLEUE

Itinéraire complet

  • Distance : 700 km
  • Départ : Sierck-les-Bains
  • Arrivée : Lyon
  • Au bord de : la Moselle, le canal des Vosges, la Saône
  • Etapes principales : Luxembourg – Thionville – Metz- Nancy – Epinal – Gray – Saint-Jean-de-Losne – Chalon-sur-Saône – Mâcon – Villefranche-sur-Saône – Trévoux – Lyon
  • Eurovelo :  la Voie Bleue est reliée à l’Eurovelo 5, l’Eurovelo 6 et l’Eurovelo 17 pour aller au Luxembourg, à l’Allemagne, à la Suisse et à l’Italie à vélo.
Itinéraire complet - source : Site de la de la Voie Bleue
Itinéraire complet – source : Site la Voie Bleue

Itinéraire réalisé

  • Distance : 200 km
  • Départ : Metz
  • Arrivée : Bains-les-Bains
  • Durée : 3 jours / long weekend
  • Niveau : facile (plat, revêtement, signalétique top)
  • Etapes : Metz – Pont-à-Mousson – Nancy – Charmes – Epinal – La Vôge-les-Bains – Bains-les-Bains.
  • Le train : Aller en TGV pour Metz. Retour en TER depuis Bains-les-Bains (Voir comment prendre le train avec un vélo).
Vélo sur la Voie Bleue
Vélo sur la Voie Bleue

Jour 1 – La Voie Bleue de Metz à Nancy (70 km)

Découverte de Metz

Je pars de la gare de Metz où je suis arrivée avec mon vélo en TGV. Metz est proche de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne. D’ailleurs, la gare de Metz a été construite pendant l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine à l’Allemagne en 1871. La France avait capitulé en 1870 et cédé cette zone à la Prusse dans le Traité de Francfort. C’est de Bordeaux sa capitale que s’est organisée la résistance avec des armées stratégiques dont celle de l’Est. C’est alors qu’a été écrite la chanson Alsace et Lorraine au refrain évocateur: « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » et « Vous avez pu germaniser la plaine, Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais ». Libérée, elle sera ensuite à nouveau occupée notamment sous le IIIème Reich. Un passé tumultueux de cette région… Le saviez-vous? Elle a aussi été été romaine bien avant cela! D’ailleurs, la Voie bleue nous porte sur une partie de voie Langres-Metz datant de l’antiquité.

Metz est aujourd’hui une ville culturelle et paisible. La ville compte plusieurs espaces verts et le centre Pompidou dédié à l’art moderne et contemporain. Mais aussi une architecture remarquable. On notera la forteresse et sa Porte des Allemands, puis la Place Saint-Louis avec ses vestiges du Moyen-Age et de la Renaissance.

Pêcheurs dans les Vosges
Pêcheurs dans les Vosges

La piste cyclable depuis Metz

Je rejoins vite la Voie Bleue par une piste cyclable urbaine en passant devant la Cathédrale Saint-Etienne (1220/1522). Puis, me voilà au bord de la Moselle, face au Temple neuf (pas si neuf puisqu’il date aussi de 1871!). La Moselle serpente entre des iles, notamment autour de l’Université de Lorraine et du square du Luxembourg. Elle me plaît déjà, je la salue depuis les ponts, puis je rejoins ses berges!

Temple Neuf, Metz, Voie Bleue
Temple neuf, Metz, Voie Bleue

C’est très agréable. Je quitte rapidement la ville, mais il y a de la vie ici. Je croise des promeneurs, cyclistes et arrive sur une ile de loisirs. La Moselle semble poissonneuse. De sympathiques chalets flottent sur l’eau. Des pêcheurs les habitent, sans doute le temps d’un weekend loin de l’agitation de la ville. Même si Metz n’est pas spécialement agitée! Et ses habitants non plus d’ailleurs, particulièrement en voiture. Ils font preuve d’un rare civisme. La piste cyclable est agréable et longe la Moselle à travers les arbres. Elle me mène rapidement à Pont-à-Mousson.

Pause à Pont-à-Mousson

Une pause s’impose à Pont-à-Mousson sur une aire de pique-nique. Face à la Moselle et à l’Abbaye des Prémontés datant du XVIIème siècle (aujourd’hui un Hôtel). Il y a plein de bancs au bord de l’eau qui accueillent les nombreux promeneurs. Les berges de la Moselle sont vivantes.

La Moselle a toujours eu un intérêt commercial. C’est en effet une rivière importante puisqu’elle relie la France au Luxembourg et à l’Allemagne. D’ailleurs le tripoint Allemagne-France-Luxembourg s’y trouve. Elle a ainsi été canalisée pour relier la Mer du Nord et la Mer Méditerranée sous le Général de Gaulle. Ce qui a développé le tourisme et l’industrie dans la région. A Pont-à-Mousson, on peut aussi voir l’Usine Saint-Gobain qui abrite le dernier haut fourneau lorrain. Enfin c’est au tripoint, qu’a été signée la Convention Schengen de 1985. C’est donc un lieu stratégique, symbolisant les liens européens… Peut-être le départ des Eurovelos! D’ailleurs à Pont-à-Mousson, s’est tenue la semaine internationale du cyclotourisme 2023.

Abbaye des Prémontrés
Abbaye des Prémontrés
Église Saint-Martin de Pont-à-Mousson
Église Saint-Martin de Pont-à-Mousson

Découverte de Pont-à-Mousson

A Pont-à-Mousson, on peut aussi voir la place Duroc particulière de par sa forme triangulaire. Elle témoigne du passé riche de la ville notamment avec ses arcades datant de la Renaissance. En effet, la ville était alors renommée dans toute l’Europe pour ce qui était jadis la première Université de Lorraine (aujourd’hui le Lycée Jacques Marquette). L’Eglise Saint-Martin datant du XIIIème siècle, est accessible par le Pont Gélot, construit après la seconde guerre mondiale suite au dynamitage de son prédécesseur.

L’Est de la France a été le théâtre de combats sanglants de par sa situation géographique à plusieurs reprises. Notamment dans la forêt qu’on devine depuis Pont-à-Mousson, où a eu lieu le massacre du Bois-le-Prêtre en 1914/1915. Aujourd’hui des monuments comme la Croix des Carmes et le Mémorial de la 73ème division d’infanterie y rendent un hommage aux combattants. Egalement, le Cimetière du Pétant compte 13 519 soldats morts pour la France durant les deux guerres mondiales.

Forêt vosgienne
Forêt vosgienne

En quittant Pont-à-Mousson, je traverse le canal latéral à la Moselle et j’arrive au Parc de l’ile d’Esch.

Canal latéral à la Moselle
Canal latéral à la Moselle
Parc de l'île d'Esch
Parc de l’île d’Esch

Je roule désormais entre rivière et canal, traversant ponts et écluses.

Arbres, tournesols, montagnes vertes. La nature est luxuriante.

Le pays est beau. Van Gogh y aurait sûrement peint jusqu’à la tombée d’une nuit étoilée. Mais moi, je vais à Nancy!

Arrivée à Nancy

Nancy entre industrie et nature

Je quitte la Moselle et roule désormais entre le canal et la Meurthe. Aux abords de Nancy, je croise encore un paysage industriel. Puis des maisons ouvrières donnant sur le canal. J’arrive au petit port de plaisance.

Patrimoine de Nancy

Nancy a été la capitale du Duché de Lorraine qui a gouverné pendant huit siècles. Elle est aujourd’hui reconnue comme capitale française de l’art nouveau qu’on peut découvrir au Musée des Beaux-Arts ou à la Villa Majorelle. On y trouve aussi un complexe thermal, idéal pour une pause de sportif! Enfin, la place Stanislas est un centre névralgique reliant la vieille ville et la ville neuve. Elle regroupe les places de la Carrière, d’Alliance et l’Arc de Triomphe. Au programme d’une visite, balades dans des ruelles, dans la rue des Ecuries, découverte de somptueux hôtels particuliers et du Palais Ducal puis de l’Eglise des Cordeliers.

Aux abords de Nancy
Aux abords de Nancy

Jour 2 : La Voie Bleue de Nancy à Epinal (80 km)

Après Nancy, la Voie Bleue est verte!

Au fil de l’eau, je vois moultes merveilles. Cigognes, hérons, poissons. La faune et la flore sont en osmose.

Cigognes vers Nancy
Cigognes vers Nancy

De Charmes à Epinal

La route est charmante, je laisse divaguer mon esprit en pédalant. Petite ellipse, inutile d’écrire, voilà à quoi cela ressemble.

Je passe à côté de Charmes. Etangs, rivières, je roule sur l’eau! D’ailleurs il pleut aussi!

Le Pont-canal de Golbey

Pour rejoindre Epinal, on fait un petit détour, mais la Voie Bleue va jusqu’à la ville. On quitte les rives par un enchevêtrement entre la Moselle et le canal de l’Est. On arrive sur le remarquable pont-canal de Golbey (pont de Barbelouze). Il surplombe la Moselle qui l’irrigue, offrant une vue à couper le souffle! Ce pont-canal se divise en deux bras du canal de l’Est, direction nord et sud. J’emprunterai le lendemain le bras sud et quitterai la Moselle. Au-dessus de moi, vole un petit avion de l’aérodrome voisin. Il doit avoir une vue spectaculaire depuis le ciel!

Arrivée charmante à Epinal

Les berges sont agréables jusqu’au centre d’Epinal. C’est très vert, il fait bon. Aux abords de la ville, je croise un club de canoë. Je trouve cela formidable! Des enfants apprennent ce sport en pleine ville en fonçant sur des rapides. Il y a des initiatives intéressantes dans cette ville. Je traverse la Moselle et quelques coquettes habitations pour me retrouver au cœur de la ville. Je laisse mon vélo et grimpe sur les hauteurs d’Epinal pour mieux l’admirer.

Parc du Château d'Epinal
Parc du Château d’Epinal
Marches du parc du château d'Epinal
Marches du parc du château d’Epinal
Le château d'Epinal
Le château d’Epinal
Vue depuis le parc
Vue depuis le parc
Vue depuis le parc
Vue depuis le parc

Découverte d’Epinal

Epinal est connue pour l’Imagerie Pellerin datant du XVIIème siècle. On peut se promener vers la place Guilgot et la Place des Vosges (la vraie puisque c’est la capitale des Vosges!). D’ailleurs, elle se situe sur la Voie Bleue mais aussi la banane bleue, axe européen densément urbanisé allant de Londres à Milan. 11 trains partent quotidiennement de sa gare pour rejoindre Paris en 2h30. Encore du bleu avec la « ligne bleue » sur laquelle se trouve Epinal, frontière prisée par les allemands avec l’Alsace et la Lorraine. Ce terme vient de Jules Ferry qui a rendu l’école publique et obligatoire. Le vosgien déclarait dans son testament vouloir gésir à Saint-Dié à 50 km d’Epinal face à cette ligne formée par la Moselle et les collines.

Contrairement à Metz, Epinal a été épargnée par le Traité de Francfort et est restée française en 1871. Des alsaciens s’y sont réfugiés et y ont développé l’industrie, notamment textile qui rayonne encore aujourd’hui à travers des marques comme Linvosges. Mais cela n’a pas empêché la ville d’être à nouveau en proie aux convoitises et d’être bombardée pendant la seconde guerre mondiale. Elle sera libérée de l’occupation allemande par les américains en 1944. Le cimetière américain d’Epinal en témoigne tristement. Mais la ville est loin d’être triste. Il est agréable de se promener dans les parcs, au bord de la Moselle et sur le pont couvert (pratique lorsqu’il pleut). Elle renferme aussi des joyaux comme la Basilique Saint-Maurice en grès rose des Vosges, le Château d’Epinal, son parc et son excentrique Tour Chinoise.

Basilique Saint-Maurice d'Épinal
Basilique Saint-Maurice d’Épinal
Parcours de canoë en plein centre
Parcours de canoë en plein centre
Le square de Loughborough
Le square de Loughborough
Maison Romaine, Square de Loughborough
Maison Romaine, Square de Loughborough
Roseraie
Roseraie

Jour 3 : La Voie Bleue d’Epinal à la Vôge-les-Bains (50 km)

Après avoir visité la ville d’Epinal, il faut reprendre la piste cyclable dans l’autre direction. En arrivant au pont-canal, on rejoint la suite de l’itinéraire de la Voie Bleue à vélo. Je longe le canal des Vosges, plus précisément, le canal de l’Est. Il compte 93 écluses dont certaines que je croiserai. C’est intéressant, il y a de plus en plus de sapins. Ce paysage épouse l’image montagneuse des Vosges.

La piste est en descente et j’en profite pour foncer à travers les écluses entre le canal et un ruisseau qui m’apporte de la fraicheur. Je ne vois pas le temps passer. Je suis déjà à la Vôge-les-Bains. Cette ville est une commune nouvelle, fusion de Harsault, Hautmougey et Bains-les-Bains. Quelle frustration de devoir achever ce périple! Mais une escale sympathique à Bains-les-Bains m’attend avant de reprendre le train.

Sapins bleus

Escale à Bains-les-Bains

A Bains-les-Bains, il y a un train!

Je dois me rendre à Bains-les-Bains pour reprendre le train. Le périple s’annonce un peu long pour mon retour. J’ai choisi de rentrer en TER. J’emprunte une route qui grimpe un peu…  Je suis bien dans les Vosges! Je regarde les champs de maïs pour passer le temps! La route m’offre ensuite une bonne descente vers Bains-les-Bains. Je m’y promène et profite de ses agréables parcs thermaux et environs forestiers. Des curistes luxembourgeois cherchent un endroit « où boire une liqueur ». Cette tournure désuète m’amuse mais il ne faut pas oublier qu’il y a de très bonnes liqueurs et eaux de vie dans la région! Le kirsch, le schnaps, la p’tite quetsche ou p’tite mirabelle (de Lorraine!)… Ou plus communément la goutte! Il doit bien en trainer dans un placard, mais où?

Histoire des thermes

Bains-les-Bains a connu un essor grâce au thermalisme au XIXème siècle. Les stations thermales de l’Est de la France sont nombreuses. On y allait non pas à vélo, mais en train. Ainsi, le Train des Eaux reliait Paris à Bains-les-Bains en 7 heures. Si elles avaient mis du temps à convaincre le corps médical, les cures thermales furent recommandées et en vogue au XIXème siècle. La bourgeoisie française mais aussi européenne les fréquentait, favorisant le développement annexe d’hôtels et de casinos. La station de Vittel était prisée et luxueuse, faisant profiter les villes voisines comme Bains-les-Bains de son rayonnement.

Publicités thermes - source
Publicités thermes – source
Parc bourgeois, Bains-les-Bains
Parc thermal, Bains-les-Bains
Promenade de santé, parc thermal de Bains-les-Bains
Promenade de santé, parc thermal de Bains-les-Bains

L'eau de Bains-les-Bains
L’eau de Bains-les-Bains

Forêt enchantée à Bains-les-Bains
Forêt enchantée à Bains-les-Bains

Malheureusement, les villes thermales vont progressivement connaître un déclin. Les touristes découvrent les sports d’hiver, les plages et l’Europe. Deux guerres mondiales assènent un coup au tourisme. L’exode rural et les voitures font baisser la fréquentation des petites villes et des trains. Certaines lignes de trains sont déclassées. Puis, le thermalisme connaît un regain avec la prise en charge des cures par la sécurité sociale et les congés payés. Balayée la bourgeoisie en costumes et robes, aux malles et chapeaux, qui déambulait dans ces villes. A présent place aux curistes modernes en voiture et aux cyclistes de la Voie Bleue!

Thermes de Bains-les-Bains
Thermes de Bains-les-Bains

A moi le Train des Eaux!

J’espère que cet article sur la Voie Bleue vous aura plu. Il est temps pour moi de repartir vers d’autres contrées. J’emprunte un bout du Train des Eaux dans un micro TER. Il sillonne la forêt et des villes thermales comme Luxeuil-les-Bains. D’un côté en direction de Belfort, de l’autre en direction d’Epinal. Une parenthèse sympathique qui me donne encore plus envie de continuer les voyages à vélo, sur la Voie Bleue, mais aussi sur d’autres voies vertes à découvrir dans ma rubrique vélo!

Gare de Bains-les-Bains
Gare de Bains-les-Bains
La citadelle de Belfort et son lion
La citadelle de Belfort et son lion

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